Les maladies

Le Syndrome d’Activation MAstocytaire (SAMA)

Le syndrome d’activation mastocytaire (ou SAMA en français ; MCAS en anglais) est caractérisé par des symptômes provoqués par la libération excessive et anormale de nombreux médiateurs chimiques par des cellules immunitaires : les mastocytes. Ces mastocytes contiennent des granulations, d’où sont libérés les médiateurs chimiques. Lorsque les mastocytes s’activent de manière anormale, comme dans le SAMA, la libération des médiateurs chimiques est à l’origine de symptômes aigus et/ou chroniques. Les symptômes aigus peuvent être notamment des flushs (rougeurs intenses avec sensation de picotements, de brûlure), des démangeaisons (y compris nocturnes), des sueurs abondantes (non consécutives à un effort), de l’urticaire, des troubles digestifs (douleurs abdominales, diarrhées impérieuses, reflux gastro-œsophagien, nausées), des troubles urinaires impérieux, avec une atteinte vésicale de type cystite interstitielle, des céphalées, des malaises pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique (du grade 1 au grade 4). Dans les symptômes chroniques, on retrouve notamment de l’asthme sévère, de l’ostéoporose parfois fracturaire, ou toute inflammation de n’importe quel organe dans lequel les mastocytes se sont « installés » et dégranulent régulièrement (ayant comme conséquences, par exemple : des tendino-bursites, une neuroinflammation, des troubles de la mémoire et de la concentration…). Une asthénie majeure et des douleurs chroniques diurnes et nocturnes, insomniantes, résultent de l’ensemble des symptômes, s’installent en général durablement, perturbant parfois grandement le quotidien des malades.

Les symptômes varient selon les individus, mais en général, si la maladie est diagnostiquée, c’est que les symptômes sont sévères.  Le diagnostic est d’autant plus difficile que les symptômes sont multiples, individu-dépendants, et qu’ils ne sont pas spécifiques du syndrome d’activation mastocytaire. En effet, ce sont leurs répétions et l’accumulation de tous ces symptômes qui permettent de poser le diagnostic. En outre, la réponse à des traitements stabilisateurs de mastocytes, tels que le cromoglicate de sodium, permet de poser le diagnostic de manière très précise. Le SAMA est resté longtemps sous-diagnostiqué et sa prévalence n’est pas connue à ce jour. Cependant, il est très probablement plus fréquent que la mastocytose (traitée ci-dessous). Il est d’usage de  parler des deux maladies ensemble car les présentations cliniques sont très similaires, tout comme les réponses aux traitements (à l’exception des nouvelles thérapies ciblant le gène c-KIT, concernant exclusivement les mastocytoses). Aucune des deux maladies n’est plus grave que l’autre : c’est la présentation chez chaque individu qui détermine la gravité et le traitement (excepté le cas très particulier de la mastocytose systémique agressive, où l’espérance de vie du malade est particulièrement affectée).

En général, la prise en charge médicale débute par une errance diagnostique au cours de laquelle est mis en place un suivi dans les spécialités des organes atteints, puis, compte tenu de la diversité des symptômes, une consultation en médecine interne est souvent proposée pour éliminer les maladies systémiques ; enfin seulement, le patient arrive en centre de référence ou de compétence. C’est alors à ce dernier stade qu’un diagnostic est établi ou confirmé, et qu’une prise en charge mieux adaptée commence.

Le traitement principal consiste en :

  • l’éducation thérapeutique du malade
  • l’éviction des facteurs déclenchants, quand ils sont connus
  • les anti-histaminiques, à des doses particulièrement élevées, et les anti-leucotriènes, ces deux substances étant libérées justement par les mastocytes
  • un stabilisateur de mastocytes : le cromoglicate de sodium
  • de nombreux médicaments dits « symptomatiques » visant directement les organes atteints (de l’oxybutinine et du pentosan pour la vessie, de la gabapentine pour le système nerveux, des bisphosphonates pour les os, etc.).
  • on propose parfois en sus un traitement dit « de fond », en général une biothérapie anti-IgE

Le plus souvent, les traitements sont maintenus sur le long terme pour assurer une meilleure qualité de vie au patient. Dans certains cas, le patient récupère une bonne qualité de vie grâce aux traitements et mène une vie quasi-normale. Dans d’autres cas, les patients sont trop handicapés par la pluralité des symptômes, ainsi que par les effets secondaires des médicaments, et il leur est impossible de mener une vie normale. Ils sont alors aidés par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), des dispositifs d’invalidité mis en place par les Caisses Primaires d’Assurance Maladie (CPAM), et soutenus par des travailleurs sociaux, soutenus psychologiquement et/ou psychiatriquement.

Les Mastocytoses

Les mastocytoses désignent un ensemble de pathologies caractérisées par une prolifération excessive de mastocytes anormaux qui vont s’accumuler dans des organes tels que la peau ou la moelle, etc. Le gène c-KIT est muté ; le plus souvent on retrouve la mutation D816V. Dans le SAMA, le gène c-KIT n’est pas muté : il est dit « wild type ». En plus de la prolifération des mastocytes, ceux-ci peuvent s’activer spontanément de façon autonome et non régulée exactement comme dans le syndrome d’activation mastocytaire. Lors de cette activation, les mastocytes libèrent dans un organe le contenu de leurs granulations, des médiateurs chimiques, comme pour le SAMA. Les symptômes vont donc être très similaires, et la prise en charge également. Très souvent, les médecins prennent en charge indifféremment les mastocytoses et le SAMA.

Il est à noter tout de même que l’on distingue deux types principaux de mastocytoses :

  • La mastocytose cutanée pure : la peau est le seul organe concerné par la prolifération des mastocytes.
  • La mastocytose systémique : c’est la forme la plus répandue chez l’adulte. L’excès de mastocytes concerne la peau mais aussi d’autres organes. Dans ce cas, le tableau clinique de la mastocytose ressemble potentiellement très fortement à celui du syndrome d’activation mastocytaire. L’arsenal thérapeutique est identique, à l’exception des thérapies ciblant le gêne c-KIT, réservées aux mastocytoses.

La mastocytose de l’enfant est différente de celle observée chez l’adulte. Elle est le plus souvent cutanée et elle régresse fréquemment en partie, voire totalement, lors de l’adolescence.

La mastocytose est le plus souvent une maladie acquise, liée à une mutation spontanée du gène c-KIT ; elle n’est ni héréditaire ni contagieuse. Dans le SAMA, le gène c-KIT n’est pas muté.

Pour les mastocytoses dites agressives, une forme très particulière de mastocytose, pour laquelle le diagnostic est souvent posé très rapidement, du fait de symptômes aigus très invalidants (épuisement soudain, perte de poids rapide) et où l’espérance de vie est malheureusement encore extrêmement réduite, il existe actuellement des thérapies qui ciblent le gène c-KIT. Même si pour l’instant, ces thérapies ciblées s’accompagnent malheureusement de nombreux effets secondaires, elles constituent un véritable espoir pour l’avenir.